Depuis des années, des bénévoles offrent de leur temps aux réfugiés de Calais. Des associations qui tous les jours se confrontent à la misère des camps.
45 756 migrants ont traversé illégalement la Manche pour rejoindre le Royaume-Unis au cours de l’année 2022. Un chiffre record selon le ministère de la Défense. Photo : Samy Rabbata
« Si je suis là, c’est parce que j’ai honte de la France et de comment les traite. »
Michelle, bénévole dans la distribution de nourriture aux éxilés de Dunkerque
Les bénévoles de l’association Salam sont comme chaque matin au rendez-vous. Une dizaine de paires de mains qui s’occupent de préparer à manger pour les migrants installés à Dunkerque.
Quand on leur demande pourquoi ils sont là aujourd’hui, tous répondent qu’ils ne veulent pas faire partie de ceux qui ne font rien pour aider les migrants qu’ils préfèrent d’ailleurs appeler exilés. « Si je suis là, c’est parce que j’ai honte de la France et de comment on les traite » explique Michelle. « C’est une façon de montrer que certains d’entre nous ne sont pas d’accord et qu’il y a encore de la fraternité en France », ajoute-elle.
La préparation des repas
En seulement quelques heures, c’est dans un petit local mis à disposition par l’église du coin qu’un petit groupe de retraité s’occupe de préparer comme tous les jours plus de 150 kg de nourriture. À Salam, la nourriture est principalement récupérée grâce à l’aide d’Emmaüs mais aussi des invendus et de la participation de quelques restaurateurs.
Le bénévolat est une histoire de cœur et bien que la plupart soient aujourd’hui retraités, certains ont su allier travail et générosité. « Quand je travaillais, je venais pendant mes jours de repos et même sur mes temps du midi. Au lieu de manger, je distribuais à manger » remémore Giles.
Quelques heures avant de se rendre à la distribution de nourriture, Henri, en nous présentant les stocks de l’association nous avoue qu’il ne se rend jamais aux distributions sur place. « Là-bas, ça se bouscule énormément et je n’ai pas l’habitude de tout ça. Quand je vois des bébés ou des enfants dans ces conditions, c’est très dur pour moi », avoue-t-il.
Quand on aime, on ne compte pas
Arrivée sur place, la camionnette remplie de marmites et après avoir roulé entre grillages et barbelés, l’association installe sa cantine mobile proche d’un stand de la croix rouge. Le contact du véhicule n’est même pas encore coupé qu’une centaine d’exilés se ruent déjà vers la camionnette.
S’en suit une installation militaire, les bénévoles ont sorti tables et barrières afin de former un stand. Philippe, le plus musclé des bénévoles insiste pour qu’une file d’attente se crée. « C’est tous les jours comme ça, une fois on a même dû partir parce qu’on était presque poussé dans la camionnette », raconte-t-il.
Deux files sont mises en place pour faciliter les familles, les exilés présents sont principalement des hommes mais on y retrouve aussi des enfants, des femmes et des femmes enceintes. Après avoir reçu sa ration, un réfugié explique qu’il part ce soir.
Comme beaucoup, il va tenter de traverser la Manche sur un bateau de passeur. Dans ses embarcations précaires la traversée est très risquée. « C’est particulier parce qu’on espère ne plus le revoir, qu’il réussisse sa traversée. Mais on sait que le voyage est dangereux », raconte Michelle avec émotion.
*Les prénoms ont été modifiés
Calais, port de blocage
Calais est le principal point de passage pour se rendre en Angleterre. Chaque année des milliers de migrants s’y retrouvent bloqués et tentent de rejoindre illégalement les côtes anglaises. Que ce soit par bateaux ou par camions, les exilés ratent souvent leurs tentatives et patientent alors à Calais dans des conditions désastreuses. La majorité des réfugiés viennent de zones de crise et de conflit comme la Syrie, l’Irak ou encore l’Afghanistan
