Tout a commencé par des manifestations, mais aujourd’hui, certains militants se sont radicalisés. Des jets de soupes dans les musées aux blocages des trafics, rien ne semble arrêter leur volonté de « faire le buzz ». Des actions « chocs » mises en avant par les médias, c’est là tout le but de ces actions.
Manifestation d’Extinction Rébellion, un « mouvement international de désobéissance civile en lutte contre l’effondrement écologique et le dérèglement climatique ». Photo : JACQUES DEMARTHON / AFP
Échec des accords de Paris, échec de la COP27, des déboires qui n’en finissent plus et qui paraissent aujourd’hui comme une habitude.
Malgré des avancées au niveau environnemental avec notamment l’interdiction du plastique à usage unique, de plus en plus de personnes estiment que les gouvernements semblent impuissants voire détachés des enjeux climatiques. En 2019, 66% des Français estimaient que le gouvernement n’en faisait pas assez pour la planète selon un sondage du Huffpost.
Des actions « chocs » pour ramener la cause sur les devants médiatiques.
Dans un monde où la GIEC alerte concrètement sur les dangers et la nécessité d’agir rapidement, une minorité de la population se mobilise.
Naissent alors dans une véritable situation de course contre la montre, collectifs et associations dans le but de dénoncer, alarmer et inciter les gouvernements à agir.
« C’est aux États de faire bouger les choses et pourtant, c’est vrai qu’il n’y a que très peu d’actions entreprises », déplore Louis, un étudiant. « Au niveau médiatique, on a plus parlé des soupes sur le tableau de Van Gogh que de la COP27 », ajoute-t-il.
« Ils sont en mesure d’attirer une plus grande attention grâce aux médias qu’avec des pétitions », analyse le chercheur américain Michael Loadenthal. Au risque de donner une mauvaise image de la lutte contre l’écologie, ces actes polémiques amènent au débat, la société est interpellée, la réaction est provoquée, les médias en parlent.
Des actes forts qui semblent être pour ses militants l’une des dernières solutions pour se faire entendre et remarquer. « On a tout essayé. Il y a eu des marches pour le climat, des scientifiques dans la rue, des pétitions, mais rien n’y fait », explique Louise, militante du collectif Extinction Rébellion au Huffpost.
La fenêtre d’Overton, juge de l’acceptable
Ces actions « chocs » dont l’efficacité est contestée, contribuent cependant à ce qu’on appelle la fenêtre d’Overton. Cette notion décrit des idées et politiques qui sont considérées comme acceptables ou non dans une société à un moment donné, allant de l’extrêmement radical à l’extrêmement conservateur. La fenêtre d’Overton peut alors être utilisée pour étudier comment les idées évoluent et comment les gens sont susceptibles de réagir à des idées nouvelles ou controversées.
« Aujourd’hui, en 2022, je ne me vois pas aller saboter quoi que ce soit. En même temps, il y a cinq ans, je ne me voyais pas manifester », explique l’enseignant-chercheur Pascal Vaillant. Si aucune « réaction forte de la société et du gouvernement (n’intervient d’ici là), on refait le point dans cinq ans », anticipe l’enseignant.
En suscitant une large couverture médiatique, ces actions polémiques démontrent l’importance de la lutte contre le changement climatique. Ainsi, en attirant l’attention sur des idées, les militants contribuent à en changer les perceptions.
À l’heure actuelle, « ce sont des groupes plutôt minoritaires et radicalisés qui mènent ces actions », nuance cependant Sylvie Ollitrault, directrice de recherche au CNRS.