Dans leur dernier long-métrage, les réalisateurs d’«Intouchables » frappent fort en s’attaquant aux faiblesses du traitement de l’autisme en France.
Dès les premières secondes du film le temps presse. Filmée à la caméra épaule pour plus d’intimité, une jeune fille cours précipitamment dans les rues de Paris. Pourtant, ce n’est pas d’elle dont parle ce film mais bel et bien de l’homme qui la poursuit, Malik son éducateur, interprété par Reda Kateb.
Malik et son ami Bruno joué par Vincent Cassel vivent depuis 20 ans dans un monde éloigné des projecteurs de la plupart d’entre nous, et surtout des choix politiques de ces dernières années : le monde des personnes autistes.
C’est dans ce contexte qu’évolue notre duo et leur association respective. L’Escale forme des jeunes issus de quartiers prioritaires et tente de les réinsérer et La voix des Justes, reçoit ces mêmes jeunes pour accompagner le mieux possible des jeunes adultes autistes considérés comme « Hors normes ».
« Le monde se divise en deux ; ceux qui vous aident et ceux qui ne vous regardent plus. »
En effet, les deux protagonistes ont sacrifié leur vie au profit de ces jeunes et c’est sur ces hommes que la focal de la caméra se dirige. Sans jamais rentrer dans les détails de la vie d’une personne touchée par l’autisme, dans ce film c’est l’intimité des éducateurs qui nous est révélée. Bruno est tellement pris par son travail qui ne s’arrête jamais qu’il n’a pas le temps de tomber amoureux, puisque les troubles de l’autisme ne font pas de pause. De son côté, Malik a quant à lui à peine le temps de voir ses enfants biologiques puisqu’il passe son temps à former des jeunes que la société à elle aussi souhaité abandonner.
S’il y avait une phrase à retenir de leur credo, une phrase que les réalisateurs souhaiteraient que chaque spectateur retienne, il s’agirait sûrement de cette phrase prononcée par l’actrice Hélène Vincent, qui interprète la mère d’un autiste, « Le monde se divise en deux ; ceux qui vous aident et ceux qui ne vous regardent plus ».
Un signal d’alarme
À l’image de Joseph, un jeune autiste qui ne peut s’empêcher d’actionner le bouton d’arrêt d’urgence du métro, Nakache et Toledano tirent publiquement un signal d’alarme.
Celui du système défaillant de la politique d’inclusion mis en avant par nos gouvernements.
Loin des beaux centres médicaux, c’est dans un bâtiment précaire de la périphérie parisienne que sont prises en charge les personnes atteintes d’autisme sévère.
Plus globalement, le duo de Bruno et Malik, respectivement juif pratiquant et musulman nous pousse avec hâte vers la direction de la tolérance et du respect d’autrui peu importe nos différences, qu’elles soient ethniques, religieuses ou génétiques. Au-delà du spectre de l’autisme, la caméra des réalisateurs s’attarde finalement sur le rêve d’une France unie. Samy Rabbata