Greenpeace souhaite faire pression sur le ministère de l’Agriculture qui doit prochainement présenter un texte sur l’avenir du secteur. L’association de lutte contre le réchauffement climatique dénonce notamment le modèle d’élevage industriel.
Une nouvelle action coup de poing. Greenpeace a déversé ce lundi matin près de deux tonnes de lisier devant le ministère de l’Agriculture à Paris. Le but : « dénoncer l’élevage industriel qui pousse à surproduire toujours plus de viande sans se soucier des nombreuses conséquences environnementales », comme l’explique l’association sur son site internet.
Plusieurs activistes déguisés en poulet et vêtus et d’un T-shirt floqué « Stop fermes usines » se sont retrouvés pour déverser du lisier, un mélange liquide d’excréments animaux utilisé comme engrais, devant le ministère. Selon l’ONG, onze activistes ont été interpellés et placés en garde à vue pour « entrave, dégradations volontaires et participation à une manifestation interdite ».
60% des animaux dans 3% des fermes
Pour l’ONG, la France serait remplie de « fermes-usines », un terme créé par l’association pour désigner des fermes d’élevages de très grande taille. Pour Greenpeace, elles seraient opposées au modèle local et écologique et représentent de fait l’industrialisation de l’élevage.
En se basant sur les données du ministère de la Transition écologique, Greenpeace recense quelque 3 000 « fermes-usines » sur les 145 000 exploitations de volailles et de porcs. En France, 60 % des animaux qui sont ensuite consommés sont élevés dans 3 % des fermes d’élevage.
« En entassant trop d’animaux, la France fait face à une surproduction de lisier que nos sols ne sont plus en capacité d’absorber », explique l’ONG. 70 % de ce type d’exploitation sont situées en Bretagne et dans les Pays de la Loire contribuent notamment à la pollution des nappes phréatiques et à la prolifération des algues vertes, qui émettent des gaz pouvant être mortel.
Un moment décisif
Plusieurs actions du même type ont été organisées ces derniers jours dans une vingtaine de villes en France comme la Rochelle ou encore Quimper, pour mettre un terme à ces exploitations. L’association vise à interpeller le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau qui doit présenter dans les prochaines semaines une loi pour l’avenir de l’agriculture devant le Parlement.
Cette réforme agricole sera sûrement l’unique réforme sur le sujet du quinquennat d’Emmanuel Macron. Une opportunité que les associations ne souhaitent pas laisser passer, « Ce texte doit être l’occasion de repenser l’élevage en France », a plaidé Sandy Olivar Calvo, chargée de campagne et alimentation auprès de Greenpeace.
Selon Arnaud Lespagnol, le président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) ces « fermes-usines » sont aujourd’hui les exploitations « les plus surveillées » pour ne pas « poser de nuisances à l’environnement et que « le suivi des animaux soit irréprochable ».
Samy Rabbata